Killer Instinct, le challenger de l’ombre

Killer Instinct, développé par Rareware, sort en octobre 1994 sur une borne d’arcade développée lors d’un partenariat entre Rareware et Midway (créateur de Mortal Kombat). Le studio britannique Rareware a déjà bluffé les joueurs du monde entier avec Donkey Kong Country qui alliait des graphismes révolutionnaires à une jouabilité sans faille. Rareware avait prévu d’adapter Killer Instinct depuis la borne d’arcade sur la future Ultra 64 de Nintendo, mais celle-ci se faisant attendre, c’est finalement en août 1995, dans une cartouche de Super Nintendo, que se matérialisera Killer Instinct. Dès le déballage du jeu, Rareware annonce la couleur : la cartouche de Killer Instinct est noire, ténébreuse, comme aucune autre cartouche avant ou après elle. Killer Instinct laisse alors pressentir une identité hors du commun.

Riptor & Fulgore, monstres hardcore

L’histoire de Killer Instinct tourne autour d’Ultratech, une firme spécialisée dans la conception et la vente d’armes.

Parmi les créations d’Ultratech, il y a Riptor, créature à mi-chemin entre deux ères, alliant l’intelligence du genre humain à la férocité des raptors, et dépassant les deux mètres et les trois cents kilogrammes. Mais la firme place tous ses espoirs de vente dans Fulgore, un soldat cybernétique à la puissance et à l’intelligence artificielle hors normes.

Encore au stade expérimental, il faut maintenant tester ces armes en situation réelle sur des cobayes pour valider leur production.

C’est dans cette sombre optique qu’Ultratech a réuni des combattants torturés, voire désespérés, mais assurément redoutables. Ultratech leur promet argent, liberté, et remèdes à leurs tourments, à condition qu’ils remportent les combats à mort du tournoi Killer Instinct.

Riptor fait face à Fulgore. Deux machines démesurément puissantes !

Le métal contre la chair.

Une fois la cartouche insérée, la première surprise est la qualité sonore du thème principal de Killer Instinct. Intrigant, nerveux et doux, il laisse présager une expérience nouvelle, inconnue.

D’une manière générale, la bande-son de Killer Instinct est extrêmement soignée. Chaque thème musical correspond à la fois à un personnage et un stage.

Voici le thème principal de Killer Instinct, dans ses versions Arcade et Super Nintendo.

Entrée dans l’arène

Chief Thunder, à la recherche de son frère, Eagle.
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T.J. Combo, boxeur aux bras renforcés par des implants.

Les dix personnages disponibles sont tous si charismatiques, qu’en choisir un est véritablement difficile : Chief Thunder, B. Orchid, Jago, Glacius, T.J. Combo, Sabrewulf, Cinder, Riptor, Spinal, et Fulgore. Il y a également Eyedol, le boss de fin, qui est jouable avec un code. Certains d’entre eux ont un design incroyable ! Impossible de les oublier, tant ils sortent de l’ordinaire.

Finalement, c’est sur Black Orchid, agent secret en mission pour révéler au grand jour les activités d’Ultratech, que notre choix s’arrête. Le premier adversaire d’Orchid lui fait face. C’est Glacius, un extra-terrestre métamorphe séquestré par Ultratech, qui le pousse à combattre en échange de sa libération.

Fulgore, une machine à tuer dénuée de sentiments.
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Jago, un moine guerrier envoyé pour détruire le mal.

Le décor fait alors son apparition. Un désert de glace où se dressent les ruines d’une ancienne civilisation. Le combat va bientôt commencer, nous avons juste le temps d’être surpris une fois de plus par la Super Nintendo qui affiche des graphismes de toute beauté. Mais ? Attendez une minute… Orchid, Glacius, ces ruines : tout semble si vivant. Serait-ce de la 3D ? Non bien sûr, car la Super Nintendo n’a pas la puissance nécessaire pour calculer en temps réel des modèles 3D de cette qualité. À l’époque, Rareware a tout de même voulu créer une illusion de 3D temps réel grâce à d’astucieuses techniques, et l’effet est saisissant !

Glacius lutte pour se libérer des griffes barbares d’Ultratech.

Orchid affronte Glacius !

Beauté frappante, vitesse étourdissante

L’une des techniques utilisées par Rareware est le développement des modèles graphiques des personnages et des décors de Killer Instinct sur les performantes stations de travail 3D conçues par Silicon Graphics Inc.

Ces modèles 3D pré-rendus, c’est-à-dire calculés à l’avance sur de puissantes plateformes, correspondent à des photos de très haute qualité comprenant chacune beaucoup de détails. Toutes ces données pré-calculées ont ensuite été retranscrites en données exploitables par la Super Nintendo. Il suffit enfin de projeter toutes ces photos les unes après les autres, comme pour un film, et l’illusion d’animation 3D est créée ! Ainsi, quand on déclenche un mouvement, on lance en réalité un petit film rempli d’images calculées à l’avance. Cette technique ingénieuse ne permet, hélas, aucune interactivité des caméras.

En ce qui concerne les décors, et contrairement à la version arcade où ils étaient traités de façon plus complexe, ce sont ici de simples images pré-rendues en 3D, empilées en couche les unes derrière les autres. Ces images ne bénéficient pas d’une animation, contrairement à celles des personnages. Il y a simplement un effet de parallaxe entre les différentes couches lors des défilements à l’écran.

Dans le décor ci-contre, on distingue au moins deux couches en arrière-plan. La couche n°1 avec des buildings très détaillés, et derrière, une couche n° 2 avec le ciel violacé et des ombres de buildings plus lointains. Ces couches sont indépendantes, et quand les personnages se déplacent, elles se déplacent également, les unes par rapport aux autres, pour donner l’illusion d’un mouvement de caméra. On voit par exemple sur ces photos, que la couche n° 2 a bougé par rapport à la couche n° 1 entre les deux instants.

Orchid a porté 3 coups à Glacius en moins d’une seconde !
Dans Killer Instinct, cette vitesse est le lot de tout combat !

Malgré les apparences, Killer Instinct n’est donc pas en 3D temps réel, et la technique d’animation est bien la même que dans les jeux 2D de l’époque. La différence, qui fait la beauté surprenante de Killer Instinct, réside dans la très haute qualité de chacune de ces photos pré-rendues.

La fluidité des animations est remarquable et ne souffre aucunement de la beauté des graphismes générés par cette technique, et c’est bien là l’une des nombreuses prouesses accomplies par Rareware.

Orchid VS Glacius

Mais alors que nous sommes ébahis par tant de beauté, le combat a déjà commencé ! Il ne reste à Orchid que la moitié de sa dernière barre de vie ! Bien déterminée à gagner, celle-ci fait tournoyer ses deux sabres lasers, projetant au loin Glacius qui revenait à la charge. Les deux adversaires s’observent alors de loin. Glacius lance une vague d’énergie en direction d’Orchid, mais celle-ci, qui semblait s’y attendre, se transforme en une sublime panthère dorée et traverse la totalité du décor pour se jeter sur Glacius, transperçant sa vague d’énergie ! La morsure d’Orchid est violente. Des coups de plus en plus rapides pleuvent sur Glacius qui ne réagit plus. Soudain, Glacius contre-attaque avec un Combo Breaker qui stoppe l’enchaînement d’Orchid. Elle tombe à terre. Sa barre de vie est presque vide. Glacius recule tout en la fixant du regard.

Orchid se jette alors sur Glacius en exécutant une roue, pieds en avant, et le martèle de plus de quinze coups en déclenchant un ténébreux « Killer Combo » ! La barre de vie de Glacius se vide plus rapidement que d’habitude pour permettre à Orchid de rattraper son retard sur lui. Glacius réalise qu’aucun combat n’est gagné d’avance, et il perdra celui-ci.

Orchid, transformée en une magnifique panthère dorée.

Action & Action !

Comme pour Street Fighter, il est possible d’attaquer avec les pieds ou les poings en choisissant parmi trois puissances d’attaque. Les personnages peuvent exécuter des coups spéciaux, dont des coups chargés, comme une métamorphose en panthère, une téléportation, une vague d’énergie ou même un uppercut sauté. Pour surprendre un adversaire qui se croirait hors de portée, les personnages disposent tous d’une attaque de longue portée, sur laquelle il est possible d’enchaîner avec des combos dévastateurs assez faciles à sortir, et disposant de multiples variantes. Les coups sortent et s’enchaînent de manière intuitive et les combats sont fluides. Afin de maintenir l’équilibre des forces, il est possible pour l’adversaire assailli de briser un combo en exécutant un Combo Breaker, comme l’a fait Glacius. L’action est tellement soutenue qu’il n’y a même pas de découpage en rounds !

En effet, chaque personnage dispose de deux barres de vie qui s’enchaînent quasiment sans pause.

Le challenger de l’ombre

Killer Instinct a pris les meilleures idées de ses concurrents et a brisé quelques codes établis par des jeux de versus fighting comme Street Fighter. Les combats sont vraiment très nerveux, et également équilibrés. Le souci du détail est là lui aussi. Par exemple, quand Fulgore saute, il retombe dans un lourd claquement métallique. Graphismes, animations et musiques sont réellement impressionnants, nous rappelant à chaque instant que la réalisation est d’une qualité exceptionnelle. Qualité rendue possible par la grande capacité de cette cartouche noire de 32 Mbits, qui a aussi permis d’inclure des voix digitalisées qui rendent encore plus vivants des personnages d’un réalisme déjà criant. La durée de vie, plutôt bonne, prendra bien sûr tout son sens à deux joueurs. Une suite très attendue nommée Killer Intinct Gold a vu le jour en 1996 sur Nintendo 64 et se trouve être une adaptation partielle de Killer Instinct 2, uniquement sorti en salles d’arcade.

La version arcade de Killer Instinct est encore plus impressionnante.

Fulgore VS Glacius

Désormais, Orchid se prépare à affronter un terrible adversaire : Fulgore !
Choisissez votre camp en sélectionnant l’un des deux excellents thèmes ci-dessous !

Alors, qui va l’emporter ?!

Orchid VS Fulgore

Beau, puissant, violent : Killer Instinct a tout pour lui. La réalisation est hallucinante à tous les niveaux. Les personnages sont charismatiques, et on aurait aimé que leurs histoires soient mieux développées. Killer Instinct emprunte des concepts solides aux plus grands, et y ajoute d’excellentes idées inédites. Au final, c’est du grand art. Merci Rareware !

BriceV2