Il y a des journées qui s’annoncent mal. Prenez le 15 septembre 2015 par exemple. Je me lève (et je te bouscule), et m’aperçois avec horreur que mon réveil n’a pas sonné. Déjà une demi-heure de bourre pour aller à la pré-conf’ de Sony. Pas grave, je vais expédier le petit déj’. C’est là que tout s’accélère: mon ballon d’eau chaude est HS, et me lâche en plein shampoing. Pas grave, je suis joueur, et je termine à l’eau froide. Je lance un café en vitesse, mais j’oublie de mettre une capsule dans la machine. Par chance, j’ai financé le dernières vacances de George Clooney y’a pas deux mois, rien qu’en achat de café, alors il doit bien en rester une au fond du tiroir. Rien, nada, le vide.
Je sens que tout ça est prémonitoire, mais je garde encore espoir. Une fois sorti de l’hôtel, je grimpe dans un taxi et fonce découvrir les dernières nouveautés PS4 en avant première. Mon indic m’a glissé un texto. Il y aurait des fuites sur un nouveau The King of Fighters. Impensable, à peine un mois après le rachat de SNK par un conglomérat chinois. C’est vrai qu’ils sont rapides, mais tout de même. Il s’agit d’une série emblématique du jeu de combat, pas d’un vulgaire lecteur MP4 monté à la chaîne par des enfants de 6 ans. Pourtant, si au fond de moi le doute s’installe (bien au fond dans le canapé, et décapsule une Kro), la suite, digne d’un épisode de la quatrième dimension, relève de la pure fiction. Est-ce la fin?
La fin des haricots ma p’tite dame?
C’est la question qui vient naturellement à la bouche aujourd’hui, au sujet de The King of Fighters. Et la question porte déjà en elle la réponse. Mais que s’est-il bien passé ce matin? Oh, pas grand chose à vrai dire. La guerre dans le monde, la famine, Daesh, la polémique sur les migrants, Rachida Dati qui vole son propre parti… bref, tout allait bien jusqu’ici. Enfin… jusqu’à ce que Kyo et Iori pointent le bout de leur museau et de leurs tenues moulantes à l’écran. Car cet instant a déclenché de violentes réactions dans mon estomac. Ça fusait de partout. Par en haut, par en bas… impossible de stopper! J’ai taché mon caleçon et repeint la moquette en un temps record. Je ne savais pas qu’un estomac pouvait contenir autant. Les types qui s’occupent de l’entretien de la salle ont du se résoudre à arracher la moquette, elle était foutue tellement la bile avait attaqué les mailles. Mais pourquoi tant de violence me direz-vous? Voici un petit résumé, le plus objectif qui soit (âmes sensibles s’abstenir), du -déjà- tristement célèbre trailer de KoFXIV.
Le Roi du Suicide
Tout démarre par le numéro des années… 1994, 1995, 1996… avec une typo ringarde, tout juste digne des Power Point de la Cogip, mais qu’importe! On en arrive aux chiffres fatidiques… XI, XII, XIII… Notre cœur s’emballe, on espère une explosion de couleurs, un feu d’artifice à la hauteur de Guilty Gear Xrd, bref, le « Retour du Roi ». A la place, nous avons eu droit à « La désolation des joueurs ». Une musique japonaise rythmée et un brin putassière vient chatouiller les feuilles, tel un pic à glace dans le tympan. Pas grave, on a entendu pire.
En revanche, le chanteur androgyne qui s’affiche à l’écran ressemble à tout sauf à Kyo. Au début on pense à une vanne, on se dit que Gackt (célèbre chanteur humoriste japonais) a été modélisé en 3D, et qu’il assure sans doute la promo du jeu, mais même pas. Puis la boucherie prend une autre tournure avec la présentation de courts extraits d’un combat opposant Kyo et Iori, tous deux rhabillés par Jean-Paul Gaultier.
Consternation absolue en voyant une animation aussi raide (à vrai dire, la même que les piteux KoF: Maximum Impact sortis il y a 10 ans sur PS2)! Les deux tourtereaux ont semble-t-il avalé un manche de pioche et se déplacent avec la souplesse d’une batte de Baseball. Le Oni Yaki (dragon punch) et Ara Kami (poings de feu) de Kyo donnent instantanément la nausée. Et que dire de la furie de Iori, ici lamentablement reproduite en 3D? On croirait la motion capture faite à l’aide de personnes âgées atteintes d’arthrose. C’est moche…
La PlayStation2 a de beaux restes…
Une vraie cata. Un carnage. Les mots manquent presque pour décrire le choc. En fait, bien des observateurs font remarquer que le jeu pourrait tout à fait tourner sur une PlayStation2. D’autres le voient bien sortir directement sur Smartphone. Mais il faut se faire une raison, ce KoFXIV est prévu exclusivement sur PlayStation4. Et même le logo du jeu est terminé à la truelle. A la sortie de la pré-conférence je suis obligé d’enjamber les cadavres. Nombreux sont en effet ceux qui ont mis fin à leurs jours en voyant ce trailer. D’autres se sont crevés les yeux. Enfin, les plus résistants ont ressorti leur GameBoy et la fournée 96 de King of Fighters, pour ne pas subir une dépressurisation trop violente.
Le Retour du Roi?
Rincé, maladroit, vieillot, lamentable, effroyable, laid à en vomir du pu, le trailer de The King of Fighters XIV donne l’impression de s’être téléporté dix ans en arrière, aux alentours de 2005, et d’assister, impuissant à une conférence PlayStation2. Et pas la meilleure conf’ PS2. Une vieille conférence qui sent fort de la rondelle et vous fait piquer du nez. Dans l’ambulance qui me ramène à mon hôtel, mes membres sont tétanisés, je n’arrive plus à prononcer un seul mot, mon pouls est faible… C’est le contre-coup du choc que je viens de subir. Jadis série mythique et increvable de la Neo-Geo, KoF laissait toujours espérer une issue heureuse après les déboires post-KoFXIII et le départ de la quasi-totalité des équipes de développement. Mais il faut croire qu’en Chine, pour 20$ on peut développer un jeu vidéo. Comble du mauvais goût, KoFXIV se permet même un jeu de mot calciné sur sa homepage: « Burn to Fight » (« Né pour combattre » ou « Brûlé pour combattre »… humph! Oui, je sais, c’est vraiment d’un niveau lamentable, mais à ce stade, plus rien ne peut nous surprendre).
D’autres restent persuadés que c’est un jeu sur Android, mais les plus réalistes savent comment on appelle ça: un suicide commercial.
Bref, The King of Fighters semble aujourd’hui avoir touché le fond, mais continue de creuser. Les chinois ont scellé ses deux pieds dans du béton pour être sûrs et certains qu’il ne s’en sorte pas. Nous pouvons donc rejouer sereinement aux anciens opus (les vrais, en 2D) et nous rappeler que les vieux jeux ne crèvent jamais. Pas besoin de leur faire avaler des polygones pour qu’ils deviennent « mieux ». Bien au contraire. Certains pensent que ce KoF est un poisson d’avril en retard. D’autres restent persuadés que c’est un jeu sur Android, mais les plus réalistes savent comment on appelle ça: un suicide commercial. Clair, net, sans bavures. Retro Playing revient dans quelques mois pour ramasser les restes en décomposition. En attendant, sortez vos poches à vomi!
Pour vomir en vidéo, c’est par ici:
Pour vider vos intestins en ligne, c’est par là:
http://game.snkplaymore.co.jp/official/kof-xiv/