Le temps des incertitudes
Dix ans! Il aura fallu attendre dix longues années pour voir à nouveau la série poindre le bout de son nez en Europe, le dernier épisode en date étant Secret of Mana. Sorti sur Gameboy Advance en août 2003 au Japon, et en mars 2004 en France, ce Shinyaku Seiken Densetsu, ou Sword of Mana, était en réalité une réadaptation next-gen de Mystic quest, le premier volet de la saga. Relooké graphiquement et doté d’un scénario un peu plus étoffé grâce à l’ajout de nouveaux personnages, ce Seiken est pourtant une réussite en demi-teinte.
La structure trop traditionnelle du jeu d’origine village/donjon/village, et le manque de rythme et de réels rebondissements au cours de l’aventure finissent par installer inexorablement un climat de lassitude auprès du joueur. L’aventure aurait donc pu être plus épique, mais les efforts de reconversion de la série pour la rendre accessible à de nouveaux publics méritent tout de même d’être soulignés.
Le projet World of Mana
Suite au succès plus que relatif de Sword of Mana, Squaresoft (devenu entre temps Square Enix), exploitant sans aucun scrupule la franchise de la série, décide de mettre les bouchées doubles autour de l’ambitieux projet World of Mana, réunissant en l’espace de trois ans (2003-2006) trois épisodes autour de l’univers Mana, incarnés par Children of Mana, Dawn of Mana et Heroes of Mana.
Children of Mana est le premier d’entre eux à voir le jour. Sorti sur Nintendo DS en octobre 2003 au Japon et assez prometteur sur le papier, le soft se contente en réalité de reprendre l’univers si enchanteur de la série sans réellement apporter quelque chose de nouveau. Finalement, le jeu se réduit à une sorte de hack and slash sans saveur. La seule vraie nouveauté réside dans un mode multijoueurs, redonnant un peu plus de vigueur au titre. Mais passées les premières heures de jeu, grande est la tentation de passer son chemin…
Véritable quatrième épisode de la série, Seiken Densetsu 4, ou Dawn of Mana, aurait lui aussi pu être un grand jeu. Premier épisode en 3D de la série, l’histoire de l’arbre Mana vous est ici contée tout au long de l’aventure par Gnome, un des sept esprits. Passé un prologue plus que prometteur (les musiques de Kenji Ito fracassent toujours autant), le jeu laisse place à un univers certes magnifique, mais relativement vide dans le fond. L’aspect RPG est avec ce Dawn of Mana complètement éludé. En effet, le jeu brille par son absence de villages, de personnages secondaires et pire… d’inventaire. Choix incompréhensible également, vos personnages perdent à chaque chapitre (huit au total, divisés en cinq sous-chapitres) toute l’expérience accumulée! Bref, le jeu se résume au final à un système de combat – peu intéressant – qui consiste à marteler la touche attaque et à utiliser des éléments du décor pour assommer vos ennemis (à noter que ce système est la SEULE façon pour vous de récolter un peu d’expérience). En somme, malgré un univers toujours aussi soigné, vous avez à nouveau affaire à un hack and slah sans grand intérêt.
La série semblait repartir sur de meilleures bases sur DS avec Heroes of Mana, dernier épisode de la trilogie World of Mana. En effet, contrairement aux autres opus, ce Heroes of Mana tire son épingle du jeu à travers une originalité: celle de proposer un RTS. Autrement dit, de quoi susciter la curiosité. Mais une fois de plus, la douche est froide quand il s’agit d’allumer la Nintendo DS. Prudent quant à l’enveloppe purement esthétique du jeu (qui reste comme d’habitude irréprochable), la frustration finit par s’installer très vite dans l’aventure. L’I.A du jeu est quasi inexistante et les combats extrêmement brouillons. Malgré la richesse du background et le gameplay original et bien pensé, Heroes of Mana ne tient une fois de plus pas la route, au grand dam des fans de la saga pour qui l’Arbre Mana a dépéri avec la série, il y a maintenant trop longtemps.
Et maintenant?
La légende de l’épée sacrée s’est incontestablement émoussée avec le temps. Souffrant durant près d’une décennie d’apparitions épisodiques, la saga n’a pas su par la suite proposer d’innovations suffisamment pertinentes pour perdurer. L’univers si enchanteur de la saga est là, mais le plaisir de jeu s’est lentement dissipé au fil des épisodes. Quoiqu’il en soit, Seiken Densetsu reste une grande série dans l’histoire des jeux vidéos. Ses graphismes ronds et colorés, ses musiques enchanteresses et mélancoliques, donnent à la série un cachet unique. Peut-être l’aventure continuera-t-elle un jour… C’est, du moins, ce qu’il nous a à chaque fois été permis d’espérer.
Il est clair que depuis 15 ans la série n’arrive pas à redorer son blason et c’est bien dommage.
Quand on repense à l’ampleur du phénomène Secret of Mana à sa sortie, y compris en France, on se dit que SquareSoft a raté le coche à un moment donné.
Le pire dans l’histoire est de ne jamais avoir eu de véritable héritier « spirituel » reprenant à son compte les forces des trois premiers épisodes.