Parce qu’il y a des jeux qui sont indémodables, des jeux qui ont inscrit par leur richesse leur nom dans la grande histoire du jeu vidéo, Zelda Link’s awakening ne pouvait rester dans l’oubli. Premier Zelda surGameboy et assurément le meilleur titre disponible sur cette machine, Link’s awakening a marqué la mémoire de beaucoup d’entre nous. Retour ce mois-ci sur les raisons du succès de ce jeu intemporel qui, malgré son âge (1993) vibre toujours autant dans le cœur des nombreux fans de la série.
Un rêve mélancolique
Zelda Link’s Awakening constitue une sorte de parenthèse dans la série. En effet, vous ne trouverez pas dans cet épisode des éléments faisant directement référence aux anciens épisodes. Cette directive s’explique par un choix scénaristique qu’il convient d’éclairer ici.
Le Link que vous incarnez se retrouve à la suite d’une tempête naufragé sur l’île Cocolint, connue également par ses habitants sous le nom de l’île du «poisson rêve». Derrière ce nom se situe la grande thématique de ce titre : le rêve. Link évolue en effet dans un monde onirique ou tout semble évoquer le sommeil. Remarquons à ce titre que l’aventure commence au réveil de Link et se termine avec le réveil du poisson rêve, dans lequel est contenu l’illusion de cette île. En réalité, le jeu suggère à plusieurs reprises que nous voyageons dans les rêves inconscients de Link : l’île Cocolint n‘est que le reflet de son subconscient. Ce choix scénaristique explique pourquoi ce Zelda ne fait aucune référence directe à l’univers des anciens épisodes. Toutefois, il les évoque fortement au travers de certains personnages : Marine (la jeune fille qui vous recueille sur la plage) peut être assimilée à la princesse Zelda ; Tarkin (qui vous remet le bouclier en début d’aventure) ressemble à s’y méprendre à l’oncle de Link dans Link to the past etc.
Mélancolique est le second mot qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque cet épisode. Ce Zelda est l’épisode le plus «spirituel» de la série. La mort y est par exemple souvent évoquée à travers un spectre errant hantant le jeune héros, un ancien chevalier mort, la résurrection d’un coq volant, tout comme le sentiment de nostalgie que ceux-ci éprouve en souvenir de leur vie passée. Aussi, pouvons-nous voir dans l’image du coq volant à la fois le symbole de l’élévation (le rêve) mais aussi du réveil (le chant du matin). Les musiques du jeu renforcent également fortement ces aspects mélancoliques. L’hymne du poisson rêve est par exemple d’une profonde nostalgie et suscite irrésistiblement une émotion d’une grande tristesse et d’une étrange joie.
Classique mais épique
Link est prisonnier de l’île sur laquelle il fait naufrage.
Un mystérieux hibou vient toutefois assez vite dans l’aventure vous donner la directive à suivre: Votre jeune aventurier ne pourra quitter l’île qu’en réveillant le «poisson rêve».
Vous devrez pour cela jouer une mélodie en récupérant huit instruments de musique disséminés dans les huit donjons de l’île.
Pour accéder à ces donjons, vous devrez faire preuve de bon sens, de sens de l’orientation et goût d’exploration.
Une fois découverts, la progression au sein des donjons reste assez classique pour un Zelda.
Vous devrez récupérer dans chacun d’eux un nouvel objet vous permettant de franchir de nouveaux espaces, une clé spécifique pour accéder au boss de fin de niveau et un des huit instruments pour jouer la mélodie du poisson rêve. Malgré cette structure «classique» item/boss/récompense, la qualité le level design est efficace et les énigmes qui parsèment le jeu savamment pensées.
A ce périple s’ajoute la quête des échanges qui consiste à échanger avec certains protagonistes du jeu un objet à la place d’un autre. Cette quête est primordiale sinon indispensable pour arriver au terme de l’aventure car elle vous permet d’obtenir la fameuse loupe avec laquelle il vous sera possible de déchiffrer le chemin du dernier niveau.
Un peu de légèreté dans un monde de brute
L’intérêt de ce Zelda tient aussi à tous ses «à côté».
En parallèle à une quête principale qui vous demande beaucoup de votre temps, vous pouvez également dépenser un peu de votre temps à une partie de pêche, à un «attrape-nigaud» ou il vous est tout bonnement impossible de gagner quoi que ce soit (si ce n’est un Yoshi qui fait office de décor) etc.
Il vous est également possible de voler honteusement des items au magasin d’objet (ce qui vous vaudra la peine d’être appelé «voyou»
par les différents protagonistes le reste de l’aventure), de jouer au voyeur lorsqu’une sirène vous demande de récupérer son bikini, martyriser une pauvre petite poule avec votre épée ou la bruler tout simplement avec un bâton enflammé (les concepteurs de ce jeu sont de vrais sadiques !). Bref, Zelda Link’s awakening fourmille de tout un tas de petit trucs «décalés», donnant tout particulièrement de la saveur au jeu.
D’un monde enchanté à un monde enchanteur
Le soft se démarque des autres productions Gameboy par des graphismes de qualités et d’une grande lisibilité, des musiques inoubliables malgré la qualité sonore midi (thème principal ; hymne du poisson rêve ; forêt enchanté) et un level design bien pensé. La comparaison avec son homologue SNES Zelda A Link to the past est aisée dans le fond mais aussi dans la forme. Ainsi, de cet univers enchanté, onirique et mélancolique à souhait ressort un monde enchanteur au sein duquel il est bien difficile de ne pas se laisser happer.
Pour conclure
Difficile de ne pas succomber aux sirènes de la nostalgie en évoquant le souvenir mélodieux de Link’s awakening.Visuellement impeccable, musicalement accrocheur, ce Zelda bénéficie de plus d’une durée de vie des plus honorable et d’une aventure bien rythmée. Son histoire simple et efficace, son univers allégorique et accrocheur, son humour décalé sont incontestablement les grandes forces de ce titre, véritable «jeu de chevet» de notre enfance, sur lequel le temps n’a pas de prise.