Tantôt mal compris, tantôt malaimé, les incompréhensions autour Final Fantasy IX furent nombreuses et restent pour certaines encore aujourd’hui tenaces. Ce premier volet de L’envers du pixel ne s’attachera pas toutefois à faire l’apologie du dernier « FF » de Hironobu Sakaguchi (aussi bon soit-il), mais plus à en révéler la teneur symbolique à travers des documents d’archives (essentiellement des illustrations), quelques citations de ses concepteurs. Pourquoi Final Fantasy IX fut-il pensé comme un épisode hors série? En quoi est-il un jeu hommage et surtout comment cela se manifeste-t-il d’un point de vu symbolique? Autant de questions auxquels nous tentons maintenant de donner des éléments de réponses!
Voir aussi: Interview auteur – Fabien Mellado se livre autour de La légende Final Fantasy IX; Pix n Love.
La première fut celle d’un épisode Gaiden, autrement dit, une sorte d’opus hors série comme ont pu l’être ensuite la série des Cristal Chronicles. Ainsi, cet épisode aurait pu ravir un public plus jeune ou des fans de la première heure, attachés au système de classes de personnage (Job) et à leur look Super Deformed(disproportionné).
Final Fantasy IX ou simple spin-off?
Souvenez-vous, en Mars 1999, la rumeur d’un nouveau Final Fantasy faisait son chemin et donna très vite lieu à de nombreuses spéculations lorsque paru les premiers croquis attachés à la conception du jeu. Ces documents mettaient en scène des personnages aussi haut que des «hobbits» parmi lesquels figuraient un mage au chapeau pointu ou encore une jeune princesse à la coiffe médiévale. Avec ce nouveau « FF » semblait bien se dessiner un style on ne peut plus proche des premiers opus de la saga, un style évoquant un certain Final Fantasy Tactics! Mais peu d’informations circulaient encore à ce stade du développement si bien qu’en l’attente d’informations plus précises de la part de Square, certains observateurs s’avançèrent même à émettre plusieurs hypothèses sur cet épisode «mystère»…
La première fut celle d’un épisode Gaiden, autrement dit, une sorte d’opus hors série comme ont pu l’être ensuite la série des Cristal Chronicles. Ainsi, cet épisode aurait pu ravir un public plus jeune ou des fans de la première heure, attachés au système de classes de personnage (Job) et à leur look Super Deformed (disproportionné). Cette hypothèse laissait ainsi présager que la série resterait dans un style purement cinématographique alors que cet épisode Gaiden serait une façon de renouer avec les RPG médiévaux d’antan. L’autre hypothèse fut celle d’un Final Fantasy Tactics II. Le style graphique restait en effet comparable et les divers endroits et maps dévoilées suggéraient un gameplay similaire. Mais l’hypothèse qui fut la plus sérieuse fut celle d’un remix du premier épisode, tant les lieux et personnages sont effectivement comparable avec ceux imaginés pour ce neuvième épisode…
Toute ces spéculations, aussi viables fussent-elles, étaient rendu d’autant plus crédible que Shinji Hashimotoi, alors vice-président de Square, laissait planer le doute dans une interview réalisée par le site web Next Generation Line, au sujet d’un épisode «hors-série»: «Qu’il sera appelé Final Fantasy IX ou pas n’est pas encore décidé. Avec Squaresoft, nous cherchons toujours à élaborer des histoires et des systèmes de pointe. Que ce nouveau scénario soit celui du futur Final Fantasy n’est donc pas encore arrêté». Malgré le nombreux revirement dans le style graphique, voire même dans le gameplay, Sakaguchi décida contre toute attente de numéroter Final Fantasy, et ainsi l’inscrire dans la lignée des épisodes officiels de la série. Mais alors pourquoi un tel revirement?
La fin d’une épopée
Outre le fait qu’il s’agisse du dernier épisode commun au trio Sakaguchi, Uematsu et Amanao, il convient de rappeler que Final Fantasy IX avait été pensé comme jeu de fin de cycle pour la série, non seulement en tant que dernier soft de la saga à voir le jour sur Playstation, mais aussi en tant que dernier épisode à être numéroté avec un chiffre. «Comme c’est le dernier Final Fantasy à un seul chiffre, nous voulions donner le sentiment de nostalgie, une sorte grand recueil de tous ce qui a précédé » affirmait Hidéo Minaba (directeur artistique). Aussi, retrouvons-nous de la part des réalisateurs (à savoir Sakaguchi, ïto et Minaba) la volonté de rompre avec les univers beaucoup plus réaliste de Final Fantasy VII&VIII : « Si nous gardions les mêmes images futuristes utilisées dans Final Fantasy VII & VIII, et le film Final Fantasy, je pense que les gens se lasserai de voir encore et encore les mêmes choses …». Revenir à l’esprit Science-Fantasy pour ce dernier épisode sur Playstation tel qu’il prévalait dans les cinq premiers épisodes pouvait dès lors se concrétiser d’une manière officielle à travers un « jeu-hommage », une sorte de synthèse en parfaite osmose avec l’esprit des premiers « FF ».
L’avènement d’un jeu-hommage!
Cet esprit propre à la série est d’autant mieux rendu que la plupart des membres du staff (japonais, américains et français travaillant dans les studio de Square sur le site de Honolulu à Hawaï) sont d’anciens joueurs de la série. L’esprit originel de la saga refait ainsi surface, à commencer par l’univers du jeu. La carte principale est effectivement semblable en tout point à la structure topographique du premier épisode. Les grandes masses terrestres et maritimes sont disposées d’une manière similaire, même si les villes et villages varient considérablement, à l’exception du château d’Alexandrie, qui ressemble, à s’y méprendre, au château Cornelia de Final Fantasy. Deux lunes, l’une à l’éclat bleu et l’autre à l’écalt rouge, gravitent également autour de Hera, le monde de ce neuvième épisode, en guise de clin d’œil au monde de Final Fantasy IV, lui-même surplombé par deux lunes de couleurs.
Les personnages quand à eux sont aussi directement repris des canons des anciens volets, dès que nous considérons le profil de Djidane évoquant un certain Locke (FFVI), Eiko une certaine Relm (FFVI), Grenat une jolie princesse d’un royaume nommé Cordélia (FFI) etc. Citons également Garland (nom du premier antagoniste de la série) ou encore Darkness, évoquant bien entendu l’apparence et les desseins de X-death (FFV). Enfin, le gameplay se voulait lui aussi très inspiré des anciens épisodes avec un retour à un système de « Job » préétabli (FFII; FFIV; FFVI), le retour au combat à quatre combattants (présent dans les six premiers épisodes de la série), un apprentissage de compétence inspiré du système des « reliques » (FFVI) etc. Bien entendu, tous ces éléments ne sont que des exemples car FFIX fourmille de bien d’autres détails encore pouvant toucher tout amoureux de la série qui se respect…
La symbolique du chiffre neuf
En tant que dernier épisode à être numéroté avec un seul chiffre, Final Fantasy IX faisait quelques références au nombre lui-même. Et même si beaucoup d’entre elles n’étaient pas nécessairement des allusions voulues, elles n’en demeuraient pas moins présentes. Cela se vérifie tout d’abord en début d’aventure, lorsque le joueur incarne le chevalier Alberter Steiner et que celui-ci se met en quête de rappeler à l’ordre les Brutos, la garde royale du royaume d’Alexandrie.
Ces gardes, aux ordres de Steiner, sont en effet au nombre de neuf. Dans la version américaine, ces derniers sont même appelés «chevalier de pluton», une allusion à la neuvième planète du système solaire, dont le statut de «planète» fait justement débat en 1999, peu avant la sortie du jeu. Le monde de Final Fantasy IX est aussi peuplé de nombreux bateaux, dirigeables et machines de guerre. Mais neuf d’entre eux portent des noms, à savoir le Prima Vista, le Cargo, le Narcisse bleu, le Viltgance, les Hildegarde I, II, III, le Rose rouge et le vaisseau de l’invincible.L’importance pour le chiffre neuf se retrouve aussi dans une attaque de Djidane (Solution 9), son mois de naissance (septembre), l’âge du jeune mage noir appelé Bibi (neuf ans selon le manuel du jeu), les générations de roi Cid s’étant succedées pour gouverner la cité de Lindblum etc. Le nombre neuf est donc présent tout au long de l’aventure. A la fois porte-bonheur dans un jeu traditionnel japonais nommée Oicho-Kabu, dont la créateur du jeu, Hironobu Sakaguchi, est particulièrement friand et symbolique en tant que dernier des chiffres uniques, ce numéro incarne l’idée d’un renouveau, qui se cristallise à juste titre dans le logo du jeu sous la forme d’un cristal doré, comme pour mieux souligner la valeur symbolique qui émane de cet épisode.
Le retour des cristaux
Final Fantasy, les cristaux sont en effet un élément central présent depuis le premier épisode. Ils ont un pouvoir sur les phénomènes naturels et fonctionnent généralement comme une puissante source d’énergie magique, si bien qu’ils sont régulièrement l’objet de convoitises pour les nombreux antagonistes de la série. Connu sous le nom d’Orbes en version américaine (en raison d’une traduction japonaise-anglais tronquée des premiers Final Fantasy), ils sont avant tout dans les cinq premiers épisodes des cristaux élémentaires sur lesquels repose l’équilibre du monde.
Mais leur fonction change à partir du sixième épisode. Les cristaux occupent une place moins importante dans l’histoire pour devenir d’avantage un élément central du gameplay avec les Magicites dans Final Fantasy VI (pierres magiques cristallisant le pouvoir des Espers après leur mort), ou les Matéria de Final Fantasy VII, formés par la condensation de l’énergie vitale de la planète. Les cristaux retrouvent toutefois dans le huitième opus un rôle structurant grâce au Pilier du Cristal même si ce dernier n’est pas l’élément central de l’histoire.
Final Fantasy IX remettait à l’image des premiers FF les cristaux au cœur de l’intrigue. Sources de toutes vies, ceux-ci résident en effet au centre de chaque planète à partir duquel chaque existence trouve son origine, y retourne après la mort et nourrit en retour le cristal de ses souvenirs. En vieillissant, les cristaux retournent aux cosmos et deviennent à leur tour la source d’un nouveau cristal. Ainsi s’organise des flux d’énergies qui se perpétuent d’une manière cyclique à travers l’univers. Final Fantasy IX sous-tend donc bel et bien l’idée d’un éternel recommencement, incarné par le rôle des cristaux d’une part, et symbolisé par le chiffre neuf d’autre part.
Ainsi se termine un cycle pour la série et ainsi terminons-nous ce premier volet de L’envers du pixel. Au cours de ces quelques archives nous avons pu retracer un bout de l’histoire de Final Fantasy IX, mais d’autre surprise vous attendent prochainement. Vous suggestions de jeux et séries sont bien entendu les bienvenues dans cette rubrique, alors n’hésitez pas, car leretrogaming n’attend pas!
Odallem
Article très intéressant et concept tout aussi sympatique. Tu as bien travaillé, du coup tu mérites un bon point, non même pas, tu mérites une image:)