Les années de maturité
Malgré le succès de son prédécesseur, le troisième épisode de la série ne connait pas de localisation sur le marché Occidental. Ceci est bien regrettable dans la mesure où Seiken Densetsu 3 est -à beaucoup d’égards- l’épisode le plus abouti de la saga. Bien que le jeu innove peu à l’égard de son aîné en matière de système de combat et de magie, ce troisième Seiken a néanmoins le mérite de proposer une histoire simple, mais terriblement efficace. Celle-ci s’articule cette fois-ci autour de plusieurs scénarii. L’arbre Mana est toujours présent mais exit la quête d’Excalibur et des graines sacrées. Non, votre but est désormais de récolter sept cristaux disséminés dans chacun des sept donjons représentant les sept éléments magiques du jeu. Avant cela, vous devrez constituer au préalable une équipe de trois personnages que vous choisirez (sur six au choix) avant d’entamer le new game, et qui vous rejoindront en début d’aventure.
Suite à une politique « exclusiviste » incompréhensible de Squaresoft, qui a limité la sortie de ce jeu au seul espace nippon, force est de constater que Seiken Densetsu 3 est longtemps resté un privilège d’amateur japonisant, ayant les moyens de se procurer le jeu en import. Heureusement pour nous, il existe aujourd’hui une traduction amateure plus que correcte, pour peu que l’utilisation de certains supports de jeu ne vous pose aucun problème (non non, je n’ai pas employé le terme « émulé » ^^). Quoiqu’il en soit, ce Seiken est un véritable bonheur et il serait sacrilège de ne pas en profiter à sa juste valeur. Les musiques sont des plus enchanteresses (encore une fois, le thème d’ouverture où défilent les crédits est tout bonnement jouissif), les graphismes hauts en couleur et extrêmement léchés, le système de scénarii des plus cohérents. Bref, ajoutez à cela un humour encore plus marqué que le deuxième opus et vous obtiendrez assurément l’épisode le plus équilibré de la saga. Ainsi, avec Seiken Densetsu 3, la série prend ses lettres de noblesse. L’épisode suivant, localisé cette fois-ci en US, sera tout aussi à la hauteur, mais proposera une aventure somme toute différente, une aventure qui ne remportera pas l’unanimité des joueurs…
Legend of Mana incarne le premier épisode « hors série » de la saga. En effet, le soft ne porte pas au Japon le titre de Seiken Densetsu IV, et l’histoire ne s’inscrit dans aucune chronologie propre à la saga. Il n’en demeure pas moins le seul épisode ayant autant réussi à transcender visuellement et musicalement la série. Legend of Mana propose probablement l’un des OST les plus riches et les plus soignés sur 32 bits. Le thème d’ouverture (c’est décidément une marque de fabrique) est à titre d’exemple un pur moment de bonheur. Les divers thèmes qui traversent le jeu sont également d’une rare qualité. L’univers graphique, rond et coloré, est lui aussi des plus remarquables: la finition 2D est parfaite, l’animation de certains sprites vraiment impressionnante et les temps de chargement… quasi inexistants. Bref sur le plan technique, Legend of Mana met vraiment une claque. Mais si le jeu remporte sans aucune difficulté l’unanimité auprès des joueurs sur le plan artistique, il en est cependant tout autrement du système de jeu…
Qu’on se le dise, Legend of Mana est l’épisode le plus audacieux de la série. Mais cette audace est aussi son principal défaut. L’aventure vous met dans la peau d’un des deux personnages au choix en début d’aventure. Après avoir choisi votre arme de prédilection, vous devez choisir sur une carte (à l’instar d’un jeu de plateau) un lieu de résidence. Ce lieu n’aura pas de grande incidence sur votre aventure, mais vous serez amené à articuler autour de cet espace plusieurs mondes contenus dans divers artefacts, que vous devrez disposer vous-même selon votre gré.
En fait, vous avez le pouvoir de façonner le monde de Mana comme vous l’entendez. Le jeu est à l’image de ce système: libre. Vous êtes effectivement dans Legend of Mana libres de vos choix, libres de façonner la carte comme il vous plait, libres de voyager dans les 27 mondes qui parsèment le jeu dans l’ordre que vous voulez. Et c’est là que le bât blesse. Ce système (louable en soi) ne permet aucun « vrai » déroulement scénaristique. Même si l’ensemble des différents scénarii forme une trame de fond tout à fait valable, l’absence d’une véritable histoire peut être ressentie comme un manque. Mais les « coups de gueules » ne s’arrêtent pas là. Le système de combat a lui aussi été dans le collimateur.
Certains testeurs avaient en effet trouvé que les frixes de Legend of Mana étaient trop brouillons. En réalité, les possibilités de combos sont beaucoup plus variées que dans les épisodes précédents, rendant le jeu moins monotone. La lisibilité des combats reste toujours correcte, malgré le grand foisonnement de sprites parfois présents à l’écran. Bref, Legend of Mana est probablement l’épisode sur lequel la saga pouvait véritablement se renouveler. Mais, sans être des mauvais choix, les nouvelles orientations que la série a prises à ce moment-là ne pouvaient correspondre aux aspirations des joueurs au début des années 2000, trop habitués aux J-RPG traditionnels. En avance sur son temps, Legend of Mana l’était surement. Hélas, dans la logique marchande, l’accueil du public a toujours raison…