Le joueur fantasme. C’est un fait. Il fantasme même beaucoup. «Trop?» diront certains. Un célèbre animateur producteur aurait dit «ça se discute». Alors discutons-en (ça tombe bien, je n’ai rien à faire dans les 10 prochaines minutes).
Ash, alias Cosmo Francky
Un peu d’histoire ne fait jamais de mal!
Les plus anciens se souviennent sans doute avec une émotion non dissimulée d’un poisson d’avril devenu une référence dans le milieu de (feu) la presse video-ludique: L’excellent magazine Player One avait «virtuellement» donné vie à un cross-over entre Street Fighter et Fatal Fury au début des années 90. Longtemps rêvé, et pourtant impossible sur le papier, SNK et CAPCOM étant à l’époque deux concurrents, comme pouvaient l’être SEGA et NINTENDO ou encore SquareSoft et Enix. Vous voyez où je veux en venir?
Pourtant, le malheur (financier) de certains (développeurs) fait le bonheur des autres, en l’occurrence, souvent les joueurs. C’est ainsi que «Capcom Vs.Snk» et «Snk Vs.Capcom» verront le jour, respectivement sur Naomi en Arcade (puis surDreamCast) et système MVS. Le succès a ouvert une brèche dans laquelle SEGA a foncé dès l’arrêt de la DreamCast, en permettant à sa mascotte SONIC d’aller fouler d’autres terres que celles de la GreenHill Zone, à commencer par celles de son ami Mario, en partageant l’affiche de divers jeux à thèmes (souvent sportifs). Dernièrement, ce sont même les lutteurs de Virtua Fighter qui ont fait une incursion remarquée dans l’univers de Dead or Alive. Capcom, toujours très prolifique en matière de Versus Fighting et disposant d’un catalogue de licences sans égal, a multiplié les cross over durant la dernière décennie. Des échauffourées énergiques de la bande à Ryu et à Serval, jusqu’aux affrontements en duo du récent Street Fighter X Tekken, toutes les occasions sont bonnes pour se mettre des bourres pif dans la bonne humeur sans se soucier d’une trame scénaristique.
Quand Astro le petit robot cherche des «cross»
Megaman (Rockman au Japon), a quant à lui une histoire bien particulière avec Street Fighter. Dès la sortie d’un génial et futuriste Megaman X sur Super Famicom, les joueurs les plus doués auront pu débloquer la faculté pour «X» de faire des Hado-Ken via une rencontre virtuelle avec le sage Dr.Light, cousin lointain du père Noël (marrant d’ailleurs cette manie qu’ont les vieux barbus d’offrir des cadeaux…). Ce petit clin d’oeil ayant réchauffé le coeur des gamers, toujours très friands de ce genre d’easter egg, Capcom décidera plus tard d’intégrer directement le personnage de Megaman (l’original ce coup-ci, pas «X») dans Marvel Vs.Capcom. Pourtant, si l’interaction entre les deux univers est devenu récurrente, dans la majorité des cas cela reste Megaman qui s’est adapté aux codes des combattants de rue et non l’inverse.
Mega Fighter
Fort de ce constat, et en pleine mode de revival «Pixel Art», des amateurs se lancent dès 2009 dans la création de personnages de Street Fighter à la mode «Megaman NES». L’engouement se propage sur la toile (certains allant jusqu’à les reprendre en guise d’avatar ou à créer des petites animations basées sur les coups des personnages). Même les newcomers du récent Street Fighter IV (Crimson Viper et Rufus en tête) se retrouvent «pixellisés» en bonne et due forme. Dans la continuité logique, une bande de joyeux gamers se lance dans un projet de cross-over entre les deux séries phares de Capcom, mais en prenant l’angle d’approche générale d’un Megaman NES, bien plus simple à créer qu’un énième ersatz de Street Fighter. Pourtant, malgré la petite effervescence autour de ce projet, il tombe assez vite dans l’oubli et la sortie ne se concrétise jamais. Les joueurs parlent alors de Megaman X Street Fighter comme d’une arlésienne, d’un mirage…presque d’une hallucination collective qui aurait touché les trentenaires élevés à la cartouche et au paddle.
Ne jamais dire jamais
C’est alors, qu’à la surprise générale, CAPCOM se décide de reprendre les rênes de ce projet pour le sortir en téléchargement gratuit sur PC fin 2012. Peu d’infos ont bruité des conditions négociées entre les petits amateurs fans du robot en boîte de conserve qui avaient presque déjà finalisé le projet et le rouleau compresseur Capcom. La rumeur voudrait que Capcom ait simplement récupéré le bébé sans débourser un sou (propriété intellectuelle, tout ça…). Si la démarche peut sembler «spéciale» et peu reconnaissante du travail (certes mineur) de création sur cette énième version de Megaman, le choix de distribuer ce jeu gratuitement est une démarche louable et non mercantile qui rassure quant à l’intention du papa de Megaman sur l’envie de faire avant tout plaisir aux fans, sans condition.
si le soin apporté à la cohésion d’ensemble entre les deux univers est plus que louable, la difficulté parfois excessive semble servir de cache-misère tant les niveaux sont courts ou peu originaux. Les affrontements avec les boss relèvent heureusement la qualité d’ensemble
Aegis Reflector vs Optic Laser
Bon, mais alors, le jeu, il vaut quoi au final? Réponse de Vincent Lagaffe: «zéro euro»! (Rires gras enregistrés et plan de caméra en contre-plongée pour souligner le côté drôlatique de la non-vanne du chauve le plus célèbre de l’heure de l’apéro). D’un point de vue purement technique, cet épisode «gaiden» reprend les bases de Megaman 9 (XBLA et PSstore). Megamec ne peut toujours pas tirer vers le haut, engoncé qu’il est dans sa tenue de schtroumpf en métal, mais il peut toujours taper des glissades sur quelques mètres pour esquiver les tirs ennemis ou passer dans des zones étroites. Bref, rien de révolutionnaire à l’ouest d’Eden, vous êtes en terrain connu mon capitaine! Vos cibles prioritaires seront les suivantes: Rolento, Dhalsim, Urien, Ryu, Blanka, Rose, C.Viper, Chun-Li. Et en cas de victoire, vous serez directement confronté à Balrog, Vega et M.Bison en guise de final boss (sans compter Akuma, qui comme à son habitude, joue à «Où est Charlie»…à croire que ce type a été traumatisé par des parties de cache-cache interminables dans son enfance….
Si les niveaux manquent un brin d’originalité, la faute à un level design assez bancal, http://www.jeuxvideo.com/jeux/pc/00047371-street-fighter-x-mega-man.htm Le monte-charge dans lequel on rencontrait jadis Rolento dans le premier Final Fight est ici présent et adapté à la sauce «Pixels 8 Bits». Les ennemis du stage d’Urien utilisent le pouvoir de ce dernier, l’Aegis Reflector (le fameux miroir magique qui a fait suer plus d’un joueur de Street Fighter 3.3 coincé dans le coin de l’écran en subissant un pressing de malade). Les pouvoirs récupérés sont aussi des repères bien appuyés à l’univers de Ryu et consors (Hadoken, pastèque, lightning kick, yoga inferno, etc…). Et bien entendu, chaque stage se rapproche de l’univers de son pensionnaire attitré.
En définitive, si le soin apporté à la cohésion d’ensemble entre les deux univers est plus que louable, la difficulté parfois excessive semble servir de cache-misère tant les niveaux sont courts ou peu originaux. Les affrontements avec les boss relèvent heureusement la qualité d’ensemble. Le plaisir de mettre une peignée à base d’optic laser à un combattant de rue est un plaisir coupable qu’il faut avoir essayé au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour ne pas mourir idiot (encore que je ne suis pas certain qu’à l’inverse ça rende très intelligent, mais, bon, on ne pourra pas dire que j’ai pas fait de mon mieux pour vous motiver à poser vos paluches poilues sur ce jeu).
MEGA FIGHTER Vs. STREET MAN!
Vous conseiller sur un jeu qui est «offert» gratis est un exercice assez étrange sur le papier. Pourtant, à bien y réfléchir, il existe de nombreux jeux dont envisager ne serait-ce que le téléchargement gratuit (et légal) relèverait d’une curieuse mathématique comptable entre le temps alloué à lancer un logiciel aux qualités ludiques douteuses et les activités hautement plus intéressantes qui pourraient occuper votre esprit durant ce même laps de temps. Une partie de «Ambulance Simulator 2011» n’est-elle pas une manière détourner de dire à son cerveau «Meurs. Mais en silence s’il te plaît.»?!?
De ce point de vue, Megaman X Street Fighter remplit son contrat et y accorder quelques heures ne sera pas de trop, pour peu que vous ne soyez pas réfractaire à la rigidité légendaire du cousin d’Astro le petit robot et que vos réflexes de vieux routard du jeu vidéo soient encore suffisamment vivaces pour faire face à des ennemis véloces et agressifs qui semblent avoir une dent contre vous (il faut dire que ça fait plus de 25 ans que Megamec met sur la tête à des trillions de générations de canettes de coca recyclées, donc, bon, au bout d’un moment, on peut comprendre que ça fasse chauffer la carcasse de certains d’entre eux…)
Verdict
En conclusion, on saluera l’initiative de Capcom d’avoir redonné vie à un projet amateur respectueux des 2 licences phares de l’éditeur, en surfant sur la vague retro et tout ça sans réclamer un seul kopec’ aux joueurs. Des fois on en vient à se dire que la vie de retro-gamer c’est pas si mal si les éditeurs s’en donnent la peine. Bon, je retourne de ce pas feuilleter mes vieux magazines, des fois qu’un numéro de Consul Moins ait annoncé un jour une fusion entre Samuraï Spirits et Last Blade…(on peut toujours rêver)
« la difficulté parfois excessive » j’ai fini le jeu et il n’a pas une difficulté si excessive que ça. Tu m’aurais dit le premier Rockman sur Famicom ok bon pas de soucis.
C’est un détaille tu vas me dire et peut être pour toi c’est une difficulté excessive pas de soucis.
Enfin bref la difficulté de chacun commence celle de l’autre. ^^