La Mega Drive n’était pas la console la plus fournie en jeux d’action/aventure. Privilégiant des jeux plus arcade, la 16 bits de Sega pouvait néanmoins se targuer de posséder elle aussi son «Zelda-like» avec Soleil. La ressemblance entre les deux opus est frappante : un héros vert, une carte et un visuel comparable, un système d’inventaire équivalent, un retour dans le temps… Mais Soleil est-il pour autant une simple et pâle copie de son homologue SNES?
Que la lumière soit!
Les ténèbres se sont une fois de plus emparés de la lumière. D’horribles monstres ont envahi le monde et les hommes ne parviennent plus à communiquer entre eux… pas de doute la fin des temps est proche! Mais ceci n’est pas la préoccupation première de votre jeune héros, déjà bien occupé à souffler les quatorze bougies de son gâteau d’anniversaire. Ce n’est qu’après avoir reçu l’épée et le bouclier de son père qui vont avec (une tradition pour les enfants qui atteignent l’âge de 14 ans dans ce jeu) que celui-ci part à l’aventure. Mais ne brusquons pas les choses. Le roi doit tout d’abord vous autoriser l’accès à un centre d’entrainement afin de vous familiariser un peu avec votre nouvel équipement.
L’aventure ne commence réellement après qu’une voyante vous est délivré un message prophétique faisant de vous le dernier espoir sur lequel l’humanité va bientôt reposer. Une chose étrange survient alors : votre héros devient subitement incapable de communiquer avec les autres êtres vivant, à l’exclusion du règne animal et végétal… bref, tout un programme…
L’homme qui murmurait à l’oreille des animaux…
C’est ici l’une des principales originalités de ce jeu. Là où Zelda A link to the past proposait un inventaire, Soleil propose un bestiaire. Votre héros a la possibilité de comprendre le règne animal et de surcroit, bénéficier de leurs aides en retour. Un Lapin vous enseignera par exemple l’art du saut, un éléphant l’art de soulever des objets lourds etc. A ces compétences «permanentes», s’ajoutent des compétences «ponctuelles». La plupart des animaux rencontrés pourront en effet se joindre à vous au cours de l’aventure afin partager leurs talents.
Ces talents peuvent être «physiques» comme la possibilité de courir plus vite grâce au Guépard, ou encore la possibilité d’immobiliser temporairement un ennemis grâce à la morsure de votre chien. Mais ils peuvent également être plus matériels avec la possibilité de geler votre épée (Pingouin) de l’enflammer (Lion), de la lancer plus loin (Écureuil) ou dans toute les directions ( Papillon ), cette dernière compétences étant très utile pour actionner à distance certains leviers par exemple. Il sera également possible à votre héros de combiner plusieurs de ces talents afin d’obtenir des effets surprenant. Associer le Pingouin et le Lion vous permet par exemple d’avoir une sorte d’épée «antipode» à la puissance considérable; associer l’oiseau sacré avec un autre animal vous permet d’amplifier le pouvoir de ce dernier etc. Bref, les possibilités de jeu sont nombreuses, et cette richesse de gameplay est ici le premier vrai point fort du jeu.
Par ici la sortie?
Vous l’aurez compris, à l’instar d’un Zelda , les compétences sont indispensables pour se mouvoir dans le jeu. Leurs bons usage est souvent la clé des nombreuses énigmes qui vous attendent au fil de l’aventure. Et celles-ci sont pour le moins… retorses ! Que ce soit devant votre gâteau d‘anniversaire en début d’aventure (ou il vous faudra sagement vous attabler après avoir fait la causette aux trois bambins invités avant de sortir de chez vous ; une question de politesse me diront certains) mais aussi face à un précipice au paradis ou il sera question de se jeter dans le vide pour faire apparaitre le nom de Dieu à l’envers (tiens dont…) ou bien encore dans une salle rectangulaire dans le Palais des glaces sur le continent de Frezzia ou la seule issus sera la jugeotte dont vous disposez encore pour sortir notre jeune héros de là. Bref, des énigmes variées, qui mobilisent sans cesse votre bon sens au bon sens, et qui constituent immanquablement l’autre gros point fort du jeu.
Sur la plage abandonnée… coquillages, et crustacés…
Techniquement parlant, Soleil n’a pas à pâlir de son concurrent SNES. L’animation est sans faille, l’univers sonore excellent (à noter que les musiques du jeu sont superbes). Les graphismes ne sont pas en reste : les textures et effets de transparence sont réussis et les différents scrolling du jeu bien maitrisés. Le jeu est très coloré également et l’univers qui vous attend vous amène à visiter des paysages extrêmement variés, voire originaux pour certains : plage, volcan, montagne, château, forêt enchantée ou enchanteresse, fond sous-marin, royaume de glace etc… Bref, l’environnement du jeu est très riche et vous réserve même quelques bonnes surprises, comme un clin-d’œil à la mascotte de Sega, ou encore à la figure emblématique de John Lenon.
Là où Zelda «A link to the past» proposait un inventaire, Soleil propose un bestiaire
Les figures allégoriques
Le jeu fourmille également de clin-d’œils qui renvoient directement à la pensée Judéo-chrétienne. L’introduction de jeu donne le ton : «Que la lumière soit! Au signal de cette voix, la lumière jaillit sur tout le monde«, passage qui renvoie bien entendu au récit allégorique de la Génèse dans la Bible. Toujours dans ce registre, votre héros aura besoin de traverser la tour Babel au cours de son périple pour espérer atteindre la paradis et ainsi être délivré par Dieu de sa malédiction. Dans le récit biblique, la tour Babel symbolise, rappelons-le, la folie et l’orgueil du genre humain qui n’hésite pas à ériger une tour pour atteindre le ciel et donc voir Dieu. La réponse du très Haut à cette initiative est rude, puisqu’il choisit de détruire purement et simplement cette tour par un violent orage. Selon le récit, les hommes furent dispersés à ce moment-là et ne parlèrent plus la même langue.
C’est ainsi que le message du soft apparait dans toute sa splendeur. Votre héros, à cheval entre le règne animal (par son langage) et le genre humain (par sa condition même) fait office de réconciliateur entre l’homme et la nature. Une fois le langage humain retrouvé, celui-ci est dorénavant une sorte de «médiateur» à même de changer le comportement irrespectueux des hommes à l’égard des animaux et de la nature. Il est celui qui apporte la lumière dans le royaume de Soleil (euphémisme?) par sa sagesse et son respect pour l’environnement. Bref, un message très écolo en soi, mais pour un petit jeu sans prétention comme Soleil, c’est déjà pas mal.
L’ombre du Soleil
Tout cela semble donc bien parfait. Pourtant, quelques ombres subsistent au tableau à commencer par la difficulté du jeu. Là où Zelda A link to the past proposait une difficulté équilibré et surtout très progressive, Soleil lui propose un challenge beaucoup moins dur à relever. Les niveaux à traverser sont d’une relative simplicité et ne donne pas vraiment l’impression d’un niveau de difficulté qui monte crescendo. Bref, oubliez ici la fameuse «progression par l’échec», si chère à la vieille école du jeu vidéo. Heureusement, les énigmes du soft relève un peu (beaucoup?) le niveau. A cela s’ajoute aussi une faible durée de vie (le jeu peut se terminer en 5H à peine…) et une fin un peu décevante. Malgré cela, Soleil se savoure toujours avec autant de plaisir, malgré le nombre d’années qui nous sépare de sa sortie. Pour toute les raisons évoquées, il continue d’exercer une attraction auprès des joueurs les plus nostalgiques comme nous le montre les nombreux tests et avis d’internaute disponible sur le net à son égard.
Verdict
Malgré quelques défauts (un scénario un peu simpliste, une difficulté mal dosée et une durée de vie limité), Soleil possède de sérieux atout dans sa manche. Les énigmes bien pensés, les graphismes colorés, les différents clins d’oeil et les musiques mémorables font incontestablement de ce jeu un must, qui brille avec toujours autant d’éclat dans les souvenirs des amateurs de la Megadrive. De Zelda, Soleil ne retiens au final que l’emballage pour offrir en définitive une expérience riche et originale, comparables dans la formes, mais différente dans le fond. Un des grands moment de la machine, à n’en poit douter.
Bilan
Coucou Odallem!
J’ai beaucoup aimé ce jeu moi aussi! J’y ai joué vers mes douze ans alors que ma voisine me l’avait prêté par hasard. (j’avais du lui prêter Sonic Compilation en échange, que je n’ai jamais revu:( Dommage j’adorais le tetris-like qu’elle comportait!) Bref, il est normal de comparer Soleil à Zelda, mais comme tu le dis, au final les ressemblances sont peu nombreuses! J’ai adoré le système de jeu qui te poussait à associer la bonne combinaison d’animaux au bon moment! Les musiques étaient douces aussi et collaient parfaitement à l’ambiance. Je t’ai trouvé un peu sévère avec la note! Mais je suppose que tu remets le jeu dans le contexte « les jeux retro sont chauds! ». Sega avait peut être aussi pris en compte le fait que les joueurs étaient de plus en plus jeunes et qu’il ne fallait pas les décourager avec une difficulté trop forte? C’est sûr que vu le prix des jeux à l’époque, on aimait qu’ils durent longtemps! Soleil a marqué les esprits (Le « Hooper » lui aussi semble garder un souvenir impérissable du jeu…) Au passage, je trouve vraiment la jaquette moche… En tout cas tu m’as donné envie de faire une vidéo dessus! Très bonne review, bien instructive. A l’époque j’étais loin d’avoir saisi toutes ces références bibliques très intéressantes…. Bravo!