Nouveau venu dans la jeune histoire de Retro-playing, ma passion pour les pixels d’antan a finalement eu raison de moi et m’a donc poussée à ouvrir la porte de cette nouvelle aventure que maître « Pingus » (alias Odallem) m’avait généreusement laissée ouverte. Cependant quel jeu choisir? Mes amourettes vidéoludiques ayant été nombreuses, mon choix pour un premier test fut relativement difficile. Mais malgré toutes mes réflexions, un jeu revenait sans cesse dans mon esprit et s’est hissé au dessus de tous les autres. Celui-ci a raisonné dans ma tête comme une évidence, marqué a jamais par cette expérience incroyable vécue il y’a maintenant des années. Je me rappelle encore de la claque que j’avais prise lorsque Jean-Michel Blottière a présenté le jeu pour la première fois dans micro kid’s, si bien que mes premiers mots furent «papa, je veux ça pour mon anniversaire !». Pourtant à l’époque j’étais déjà pas mal habitué à défoncer de la racaille cosmique. Space invader, Galaga, Gradius, R-type et autre univers galactique à nettoyer étaient déjà passés entre mes jeunes et petites mains habiles. Mais aucun jeu ne m’a jamais marqué comme celui-ci a su le faire. La preuve, plus de 20 ans après je m’en souviens encore. Et pour être sur de ne pas me tromper ou de ne pas oublier le titre, j’avais pris soigneusement le temps de l’écrire sur un bout de papier. On pouvait alors y lire Thunder Force III.
Super Mariole, le roi des champi’
La petite histoire
Ce qui est sur, c’est que Thunder Force III ne marqua pas les esprits par son scénario.
Vous incarnez Jean R Farn et Sherry M Jupiter et êtes aux commandes du Fire Leo-03 : Styx, dernière création de la fédération galactique pour se défendre de l’empire ORN. Celui-ci devenant de plus en plus puissant la fédération compte sur vous pour mettre un terme à son expansion. L’empereur, le bio ordinateur Cha Os, se trouve à l’intérieur du vaisseau mère Cerberus, caché dans l’univers à l’aide de dispositifs de camouflages répartis sur cinq planètes différentes. Le Styx n’étant pas détectable par Cerberus, il vous faudra détruire ces dispositifs pour le localiser, pénétrer à l’intérieur et détruire Cha Os. Chacune de ces planètes est gardée par un Boss ravi de faire votre connaissance qu’il faudra vaincre pour continuer votre pérégrination spatiale. Vous connaissez désormais votre mission, il ne vous reste plus qu’a appuyer sur le bouton start pour l’accepter.
Le jeu sortira le 8 juin 1990 au japon et quelques mois plus tard aux Etats-Unis. Pour mieux appréhender l’impact qu’à pu avoir Thunder Force III sur les joueurs, il faut se resituer au début de cette décennie. Le shoot-them-up est un genre en pleine expansion. Des séries mythiques telles que Gradius, R-type, Parodius ont vu le jour quelques années plus tôt. Mais bien que très bien réalisés, aucun des jeux précédemment cités n’aura autant d’impact visuellement que Thunder Force III. A cette époque, la transition entre les consoles 8 bits et 16 bits se fait petit à petit et personne ne sais réellement de quoi sont capable ces nouvelles machines. C’était sans compter sur la talentueuse équipe de Technosoft qui, après deux épisodes de Thunder Force plus anecdotiques que sympathiques, a su mettre les bouchées doubles pour offrir aux joueurs une expérience qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Il faut bien l’avouer, le déballage d’effets spéciaux de Thunder Force III force le respect. Une telle maîtrise technique de l’équipe de Technosoft donne un coup de vieux immédiat à toutes les autres productions et montre enfin que la nouvelle génération, c’est maintenant ! Pensez donc, jusqu’à 10 scrollings simultanés, sprites nombreux et sans clignotement, effets de distorsion incroyable, utilisation de la technique du Vector-ball chère à la Megadrive, multiples plans en parallaxe, le scrolling part dans tous les sens, en haut, en bas en arrière, animation ultra rapide et sans aucun ralentissement, boss hallucinants …
La plastique de Thunder Force III met une telle claque, que nombreux furent les joueurs à ramasser leurs dents après avoir vu le jeu tourner pour la première fois. Tout cela peut paraître un peu exagéré aujourd’hui mais pour l’époque c’est une véritable révolution technique. Il y’aura un avant et un après Thunder Force III, un jeu qui ne fait décidément pas dans les normes, mais vraiment dans l’énorme ! Même AHL avait écrit en septembre 1990 dans le numéro 81 de Tilt «La réalisation de Thunder force est vraiment impressionnante, a tel point que l’on a parfois du mal à en croire ses yeux.». Derrière cette démonstration de maîtrise technique se cachent plusieurs noms du jeu vidéo. Tout d’abord Izumi FUKUDA qui n’est autre qu’une dame, chose assez rare pour l’époque pour être soulignée. Car en plus de Thunder Force III elle a également participé au développement de Thunder Force II, Herzog zwei, du fantastique Saphirre, d’Hagane et de Mario Party 5, 6 et 7. Viens ensuite Takashi IWANAGA ayant déjà œuvré dans Thunder Force II et Herzog zwei puis dans Saphirre et Mario Party 5, 6 et 7. Et pour finir Haruhiko OHTSUKA que l’on retrouvera plus tard dans le développement de Jump Superstars. Maintenant que les présentations sont faîtes, passons à ce qui nous intéresse vraiment, à savoir le jeu en lui-même.
Au coeur de la bête
Comme vu plus haut votre mission consistera dans un premier temps à débusquer le vaisseau mère Cerberus. Pour cela il vous faudra parcourir cinq planètes, que vous aurez le loisir de choisir dans l’ordre que vous voulez.
HYDRA– Propulsé en pleine jungle hostile, vous rencontrerez plantes carnivores, abeilles mutantes et une multitude de vaisseaux ennemis. Idéal pour bien vous armer et vous familiariser avec le gameplay, ce niveau est aussi là pour poser les bases de ce qui vous attend par la suite. Soudain le Styx vous alerte d’une présence hostile et dans un déluge pyrotechnique le premier Boss du jeu, Gargoyle, se dresse face à vous. Un géant de pixel faisant plus de la moitié de l’écran, crachant un tourbillon de flamme et doté d’une animation incroyable. Tellement impressionnant qu’il deviendra «le» Boss emblématique de la saga Thunder Force, représentant à lui tout seul la quintessence technique et artistique d’une saga devenu dès lors, mythique.
GORGON- Au cœur d’un volcan en éruption et dans un décor magistral, les choses sérieuses commencent. Sur fond d’un effet sinusoïdale de flamme complètement hallucinant boules de feu, phœnix, missiles, accélération du scrolling et autres éruptions volcanique ne vous aideront pas beaucoup à faire baisser la température et mettront vos réflexes à rude épreuve. A la fin de votre périple vous rencontrerez Twin Vulcan, deux grosses machines se déplaçant de façon circulaire.
SEIREN- Plongé dans les eaux dangereuses de cette planète bleue, coquillages, poissonset autres anguilles cybernétiques ne vous laisserons pas le temps de respirer, sans compter ces bulles d’air vous faisant défier les lois de la gravité. King fish, le boss de fin de niveau, est un gigantesque poisson qui vous fera prendre une bonne douche de boulettes et tentera de vous noyer sous ses tirs.
HAIDES- Certainement le niveau le plus tordu de Thunder Force III. La grotte d’Haides vous fera plus d’une fois tourner la tête. Car outre ses 10 scrollings simultanés ce niveau est rempli de pièges et de cul de sac plus vicieux les uns que les autres. Le scrolling se déplaçant en haut, en bas, en avant, en arrière, vous aurez vite fait de heurter un rocher qui se déplace. Dans ce dédale se cache G. Lobster, un scorpion géant qui vous dévoilera sa grosse artillerie pour vous faire mordre la poussière.
ELLIS- Enfin, le dernier niveau fera refroidir un peu les moteurs. La bataille restera toujours aussi intense mais le décor de glace fera respirer un peu d’air frais à votre carlingue avant la suite qui s’annonce tout aussi intense. Blocs de glace et autre petits vaisseaux ennemis seront là pour vous barrer la route avant de rencontrer Mobile Fort, un énorme vaisseau spatial.
CERBERUS- Après avoir détruit tous les dispositifs de camouflage vous avez débusqué le vaisseau mère Cerberus. Dans l’espace vous affronterez la défense du vaisseau avant de pouvoir pénétrer à l’intérieur. Là encore Thunder Force III impressionne ne serai-ce que par la taille des tirs des réacteurs. Occupant presque tout l’écran vous aurez vite compris que Cerberus n’est pas là pour plaisanter.
BASE ORM- Le dernier niveau se divise en deux parties. Maintenant que vous êtes entrés dans le vaisseau, il va vous falloir détruire un par un vos derniers assaillants jusqu’à votre but ultime, détruire le bio ordinateur Cha Os.
Gameplay
Pour mener à bien votre mission, votre vaisseau est équipé d’origine de deux armes : le Twin shot et le Backfire. Au fil des niveaux vous trouverez de petits modules à détruire vous permettant d’upgrader vos armes de base ou d’utiliser de nouvelles armes:
Twin shot- Deux tirs avant rapides et puissants, bref efficace. S’upgrade en Sever, deux rayons lasers surpuissants.
Backfire: Un tir avant et un tir arrière. Moins puissant que le twin shot mais utile pour les ennemis arrivant par derrière. S’upgrade en Lancer vous offrant un tir supplémentaire à l’arrière et une puissance de feu accrue.
Wave- Une vague d’arc de cercle de feu ayant un rayon d’action assez large.
Fire- La seule arme du jeu vous permettant de tirer en avant et en arrière mais aussi en haut et en bas. Pas très puissant mais très utile dans certaines situations.
Hunter- Une multitude de boules bleues à têtes chercheuses. Plutôt pratique, c’est surtout avec les satellites que cette arme devient redoutable.
Satellites (claw)- Deux satellites qui gravitent autour de votre vaisseau et vous offre pour chacun un tir supplémentaire de l’arme que vous utilisez.
Shield- Comme son nom l’indique il s’agit d’un bouclier vous protégeant 3 fois avant de disparaître.
A vous de jouer
Le gameplay de Thunder Force III est relativement simple. Un bouton pour tirer, un bouton pour changer d’arme et un bouton pour régler la vitesse de votre vaisseau. Cette simplicité de gameplay rends la prise en main quasi immédiate et conviens parfaitement à la nervosité du jeu. Là où les autres shoot-them-up proposaient une seule et même vitesse de déplacement, qu’il était parfois possible d’accentuer à l’aide de power-up, ici votre vaisseau vous obéit au doigt et à l’œil dès les premiers instants.
Cela peut même être déstabilisant dans le sens où les joueurs ne sont pas encore habitués à une telle vitesse de déplacement. Il n’était pas rare de percuter un ennemi ou un décor sans le vouloir par manque de dextérité. En plus de la quantité astronomique de sprites à l’écran, les premières parties de Thunder Force III semblent insurmontables. Bien que très frustrant au départ, le joueur comprends au fil des parties que tout n’est pas aussi difficile qu’il n’y paraît et c’est là que le jeu prends tout son charme. Chaque salve d’ennemis est méticuleusement programmée pour vous faire rencontrer des difficultés là où les programmeurs le souhaitent. C’est la bonne vieille méthode de l’apprentissage par l’échec, si chère à l’époque, et qui ne se retrouve plus beaucoup dans les jeux d’aujourd’hui. Car l’écran de game-over, au départ, vous allez le voir souvent. Il faudra vous armer de patience et de persévérance pour espérer en voir le bout. Mais plus vous allez jouer, plus vous aller comprendre vos erreurs et plus vous allez progresser. Le joueur admire d’abord, comprends ensuite, puis enfin apprends. Comme si ce délice vidéoludique n’avait pas encore donné toute l’étendue de sa saveur. Ce n’est que par sa maîtrise que celui-ci dévoilera petit à petit toute la démesure de l’expérience vidéo ludique que vous êtes en train de vivre. En ce sens Thunder Force III pourrait presque s’apparenter à une récitation à apprendre par cœur. Et lorsque vous arriverez à un tel niveau de maîtrise, il se créera comme une osmose entre vous, joueur, et cette magnifique fresque de jeu vidéo. A ce niveau là, Thunder Force III devient plus qu’un jeu, c’est une expérience qui marquera à jamais votre vie de joueur, laissant un souvenir quasi indélébile à tous vos sens encore en ébullition.
Bande son
Here is the Music Player. You need to installl flash player to show this cool thing!
Mais l’ultime rouage à toute cette mécanique parfaitement huilée est la bande sonore. C’est sans aucun doute l’ingrédient indispensable à l’alchimie qui se produit lors de chaque partie de Thunder Force III. Tellement indispensable qu’elle en est même devenue mythique, il n’y a qu’a voir le prix et la difficulté à se procurer la bande original pour s’en convaincre. Composée par un trio de jeunes talents made in Technosoft, cette pépite sonore s’est offerte à la Megadrive grâce au génie de Toshiharu YAMANISHI que l’on retrouvera plus tard dans Thunder Force IV, VI, Elemental master et Dragon’s fury ainsi que de Tomomi OHTANI dans Thunder Force IV. Quant au troisième, Naosuke ARAI, il participera à la composition du premier niveau puis à des compils Technosoft sur Thunder Force III avant de disparaître en 1998.
Le processeur sonore de la Megadrive est ici parfaitement exploité, vos enceintes crachant une musique pop-rock rythmée collant parfaitement à l’action. Les bruitages sont aussi d’excellente qualité et contribuent grandement au plaisir de vos oreilles. Du même niveau que l’ensemble du jeu, les mélodies qui vous accompagnerons tout au long de votre périple sauront trouver en chacun de vous un écho si profond qu’il vous sera par la suite impossible de les oublier. Si bien qu’en entendant la mythique musique du premier niveau, vous ne pourrez désormais plus résister à la tentation de presser à nouveau le bouton start pour repartir à l’aventure.
Mais que se passe-t-il?
Le succès et la popularité de Thunder Force III est telle qu’une adaptation arcade verra le jour en décembre 1990. Attention cependant, car malgré la forte ressemblance avec l’original, il y a beaucoup de choses qui ont été modifiées si bien que l’on ne peut pas parler de conversion mais bel et bien d’adaptation. Sans toutes les citer, les plus flagrantes sont la modification de la plupart des sprites ennemis, l’impossibilité de choisir son niveau de départ, les voix digitalisées, les explosions ainsi que certains décors ayant perdus de leur superbe. Les planètes Heides et Ellis n’existent plus et ont laissées leurs places à deux stages complètement inédits (enfin presque car l’un d’entre eux est directement inspiré du niveau des ruines dans Thunder Force II). De plus le boss de fin du niveau 5 est exactement le même que celui d’Ellis. Mais le changement le plus dommageable pour Thunder Force AC se trouve au niveau de sa bande sonore. Nous sommes très loin du rendu du processeur sonore de la Megadrive a tel point que les musiques semblent moins
pêchues, comme étouffées par une programmation bâclée et ne rendant pas justice à l’exceptionnel travail fait sur la version console. Loin d’être un mauvais jeu, Thunder Force AC ne restera pas autant dans les mémoires comme son homologue à su le faire quelques mois plus tôt. Mais la pire insulte que l’on aurait pu faire à Thunder Force III (outre le fait de ne pas y jouer) arrivera sur super famicom le 27 décembre 1991. Renommée Thunder spirit, ce jeu est une vulgaire adaptation de Thunder Force AC. Musiques et bruitages nettement moins bons, couleurs criardes, ralentissements et clignotements pouvant gêner le joueur, la liste des déceptions est longue. Il y’a tellement plus intéressant à faire sur super famicom pour perdre son temps à tester un ersatz de Thunder Force III, si ce n’est par simple curiosité. L’original touchant de peu la perfection dans tous les domaines il serai dommage de se donner une image tronquée de ce chef d’œuvre qui, aujourd’hui encore, reste sur les plus hautes marches du podium des meilleurs shoot-them-up de tous les temps.
Verdict
Thunder Force III marquera à tout jamais les esprits de par son déballage technique proprement hallucinant, ses musiques inoubliables, sa jouabilité sans faille et son plaisir de jeu immédiat et infini. Chose étrange, la version française du jeu sera testée dans le numéro 13 de Player One en Octobre 1991 mais ne verra jamais le jour en magasin bien que le II fut distribué et que le IV le sera par la suite. Mais comme les choses sont souvent bien faites la version US fonctionne sur toutes les consoles PAL. Un pas de géant venait d’être franchi par la talentueuse équipe de Technosoft montrant désormais le chemin à suivre vers des plaisirs toujours plus intenses et orgasmiques. Musha aleste, Gaiares, axelay, Gate of thunder, Super aleste ne sont que quelques exemples de shoots légendaires qui viendront s’offrir à nos consoles dans les mois et les années à venir. Thunder Force III restera pour toujours une pépite de la Megadrive que tout joueur qui se respecte doit avoir essayé au moins une fois dans sa vie. En un mot : Cultissime !
Genre: Shoot them up’
Éditeur: Technosoft/Sega
Développeur: Technosoft
Support: Megadrive
A testé aussi thunder spirits sur super nes une version bien différente mais non moins sympathique .
Soit dit en passant les ralentissements y sont légion sur ce support comparativement a la version MD .
Test parfait qui resume ma pensée, on est bien daccord que TFIII enterre TFIV et ses niveaux trops nombreux de remplissages dont personne ne se souvient, (meme si le jkeu est techniquement une merveille)
Peut etre le meilleur shoot horizontal de l’ere 16bit PERIOD!